Source : Barbara Kingsolver – High Tide in Tucson | Cible : Barbara Kingsolver – Marée haute à Tucson |
“I open my eyes on every new day expecting that a creek will run through my backyard under broad-leafed maples, and that my mother will be whistling in the kitchen. Behind the howl of coyotes, I’m listening for meadowlarks. I sometimes ache to be rocked in the bosom of the blood relations and busybodies of my childhood. Particularly in my years as a mother without a mate, I have deeply missed the safety net of extended family. In a city of half a million I still really look at every face, anticipating recognition, because I grew up in a town where every face meant something to me. I have trouble remembering to lock the doors. Wariness of strangers I learned the hard way. When I was new to the city, I let a man into my house one hot afternoon because he seemed in dire need of a drink of water; when I turned from the kitchen sink I found sharpened steel shoved against my belly. And so I know, I know. But I cultivate suspicion with as much difficulty as I force tomatoes to grow in the drought-stricken hardpan of my strange backyard. No creek runs here, but I’m still listening to secret tides, living as if I belonged to an earlier place: not Kentucky, necessarily, but a welcoming earth and a human family. A forest. A species.” | « J’ouvre mes yeux sur chaque nouvelle journée en m’attendant à ce qu’un ruisseau traverse ma cour sous les érables à larges feuilles, et que ma mère sifflote dans la cuisine. Derrière le hurlement des coyotes, j’écoute les alouettes. Je languis parfois d’être bercée sur le sein des parentes et des commères affairées de mon enfance. Durant mes années de mère sans compagnon, le filet de sécurité de la famille élargie m’a plus particulièrement et profondément manqué. Dans une ville d’un demi-million d’habitants, je regarde encore tous les visages, anticipant une reconnaissance, car j’ai grandi dans un endroit où chaque visage avait une signification pour moi. J’ai du mal à me rappeler de verrouiller les portes. La méfiance des étrangers, je l’ai apprise à mes dépens. Alors que j’étais nouvelle en ville, par un après-midi chaud, j’ai fait entrer un homme dans ma maison parce qu’il semblait avoir grand besoin d’un verre d’eau ; quand je me suis retournée de l’évier de la cuisine, j’ai trouvé de l’acier affûté poussé contre mon ventre. Et donc je sais, je sais. Mais je cultive la méfiance avec une difficulté égale à celle que j’éprouve à faire pousser des tomates dans l’argile compacte en proie à la sécheresse de mon étrange arrière-cour. Aucun ruisseau ne coule ici, mais j’écoute toujours les marées secrètes, vivant comme si j’appartenais à un endroit plus ancestral : pas le Kentucky, nécessairement, mais une terre accueillante et une famille humaine. Une forêt. Une espèce. » |
Source : Near and Far – A funny short story by Laurel Hanson | Cible |
[…] “I have a proposal.” It leaned forward like my friend April does when she wants to tell a secret, even though none of her secrets are any good. Or even really secrets. “If you don’t tell anyone I am here, I can fix your eyes.” “Get out of town!” It blinked a couple of times. “That is what I am attempting to do.” “What I mean is you can’t do that!” “Why not?” “Well, no one else has been able to fix my eyes, besides with glasses.” “I have certain abilities. You will see, provided…” “…I don’t tell anyone about you?” “That is the heart of it, that is the nub.” “How do I know you won’t blind me? You could be like one of those telemarketers making promises but totally lying.” It started waxing on, waxing off again. “I would not do such a thing to a creature who has done me no harm.” “Meaning if I harmed you, you could make me go blind?” “That’s on a need-to-know basis.” “And if you fix my eyes, and I don’t tell anyone about you, you’ll leave our fields?” “That’s the heart of it!” […] | […] « J’ai une proposition. » Il se pencha en avant comme le fait mon amie April lorsqu’elle veut raconter un secret, mais ses secrets ne sont jamais très bons. Ou même vraiment des secrets. « Si tu ne dis à personne que je suis là, je pourrai réparer tes yeux. » « Jamais de la vie ! » Il cligna des yeux plusieurs fois. « C’est ce que j’ai l’intention de faire. » « Ce que je veux dire, c’est que tu ne peux pas faire ça ! » « Pourquoi pas ? » « Eh bien, personne d’autre n’a pu réparer mes yeux, à part avec des lunettes. » « J’ai certains pouvoirs. Tu verras, à condition que… » « … je ne dise rien sur toi à personne ? » « C’est là toute la question, le vif du sujet. » « Comment je sais que tu ne vas pas me rendre aveugle ? Tu pourrais être comme ces gens au téléphone qui font des promesses mais qui mentent sur toute la ligne. » Il recommença de plus belle. « Je ne ferais jamais une telle chose à une créature qui ne m’a fait aucun mal. » « Tu veux dire que si je te faisais du mal, tu pourrais me rendre aveugle ? » « Ça, c’est confidentiel. » « Et si tu répares mes yeux, et que je ne parle de toi à personne, tu partiras de nos champs ? » « C’est là toute la question ! » […] |
Source : CATS ON THE WALL AND EVERYWHERE! by Joseph Gregory Arulrajan P. | Cible |
We live in one of the tiny apartments in a multi-storeyed building complex that provides shelter to a number of middle-class families. But, the members of the family Felis Domestica who have taken a fancy to our complex might very well outnumber the members of Homo Sapiens. Because these quadrupeds with retractable claws, who can boast of their country cousins- Lions, Tigers, Lynxes, and Ocelots fear no one in our vicinity. The increasing feline population possessing nine lives up their claws bothers everyone but provides comic relief to many. These cats in our avenue have their own strict demarcations about territory. The ground floor, first and second-floor mousers keep to their floors except for hungry forays into the kitchens across the lines of control. The terrace is exclusively reserved for the young ones and occasionally used by the aristocrats from the erstwhile Siam for body lickings and sunbaths. Some of the tomcats find cozy corners for a purring sleep in places where there isn’t room to swing a cat in, such as the watchman’s cabin, where they might have found the poor fellow catnapping. God has gifted these cats with two voice boxes one for purring and another for meowing and a few of the feline sopranos in our locality keep all the residents awake with their nocturnal orchestras on special occasions. | Nous vivons dans l’un des minuscules appartements d’un complexe immobilier de plusieurs étages qui loge un certain nombre de familles de classe moyenne. Mais les membres de la famille Felis domestica qui ont jeté leur dévolu sur notre complexe pourraient bien être plus nombreux que les membres de la famille Homo Sapiens. Comme ces quadrupèdes aux griffes rétractables, qui n’ont rien à envier à leurs cousins des campagnes – les lions, les tigres, les lynx et les ocelots – ne craignent personne dans notre voisinage. La population féline croissante, qui possède neuf vies sous ses griffes, dérange tout le monde, mais procure un peu de réconfort et de gaieté à beaucoup. Ces chats de notre avenue ont leurs propres territoires strictement délimités. Les chasseurs de souris du rez-de-chaussée, du premier et du deuxième étage restent à leur palier, à l’exception des incursions affamées dans les cuisines de l’autre côté des lignes de contrôle. La terrasse est exclusivement réservée aux jeunes et parfois utilisée par les aristocrates de l’ancien royaume de Siam pour se lécher le corps et prendre des bains de soleil. Certains matous trouvent des coins douillets pour ronronner grands comme des mouchoirs de poche, comme le pavillon du gardien, où ils ont peut-être trouvé le pauvre bougre en train de faire la sieste. Dieu a doté ces chats de deux cordes vocales, l’une pour ronronner et l’autre pour miauler, et certains sopranos félins de notre localité empêchent tous les résidents de dormir avec leurs orchestres nocturnes lors d’occasions festives. |